Flânerie romanesque n°14 - "La petite bonne" de Bérénice Pichat
- christophepannetier

- 14 oct.
- 2 min de lecture
Cher réseau,
Si je devais qualifier en deux mots le livre de Bérénice Pichat, La petite bonne, paru aux Éditions Les Avrils en août 2024, j’écrirais : magistral et poignant.
Magistral par l’originalité de sa narration, peu répandue dans le roman d’aujourd’hui, qui mêle prose et vers libres. Je ne peux m’empêcher de penser à la poésie théâtrale rythmique et musicale de Jean-Pierre Siméon dans son magnifique Stabat Mater Furiosa. Par l’écriture aussi : sensible, précise, incisive. On se laisse porter par la fluidité des mots et des phrases qui s’enchaînent avec une forme d’évidence, comme la cascade s’écoule de la montagne.
Poignant par le sujet qui n’est guère plus abordé de nos jours : celle des conséquences de la guerre de 14-18, pour les « gueules cassées » revenues du front en lambeaux, et leurs familles, ces soldats qui sacrifièrent leurs vies pour la France, mais qu’on ne pouvait ni ne voulait plus regarder. Le thème rappelle les écrits bouleversants de Roland Dorgelès (Les Croix de bois), de Pierre Drieu la Rochelle (La Comédie de Charleroi) ou de Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit, Guerre). Poignant aussi par l’exposition de l’intimité des trois personnages qui composent le roman : Blaise, l’homme mutilé, Alexandrine, son épouse, qui se dévoue corps et âme pour lui, et la petite bonne, pleine de souffrance et d’espérance. Exposition simple, sans fard, qui ne verse jamais dans l’impudeur ni le misérabilisme, et maintient l’attention et la tension jusqu’à la fin. Le rythme du texte est soutenu par la musique classique, en particulier le si émouvant Lacrimosa du Requiem de Mozart, qui attribue au roman une force apaisante en même temps qu’une intensité dramatique.
Sans conteste, le roman de Bérénice Pichat est l’un des meilleurs romans français de ces dernières années. Il révèle l’immense talent et l’émergence d’une grande autrice. Souhaitons-lui le bel avenir littéraire qu’elle mérite !
Littérairement,
Christophe PANNETIER
==> Bérénice Pichat, La petite bonne, Les Avrils, 2024, 267 pages
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