Cher réseau,
A l’occasion de cette Flânerie romanesque n°3, j’ai le plaisir de vous faire découvrir un jeune romancier talentueux, Frédéric Bécourt. Vient de paraître au printemps son second roman, « Un vent les pousse », chez Accro Editions, une jeune maison d’éditions belge qui publie des textes de grande qualité, dont je vous reparlerai prochainement.
Il s’agit là d’un roman dystopique qui, en réalité, ne l’est pas tant que cela... Nous sommes à Bordeaux en 2025 et Gilles Duvignac, un écrivain un peu paumé qui a eu son heure de gloire, récemment divorcé, se heurte aux injonctions de l’Education nationale. Sa fille de cinq ans, Chloé, est accusée d’une agression raciste envers son petit copain Souleymane à qui elle a déclaré dans la cour de récréation : « Laisse-moi, tu sens mauvais » et « Rentre chez toi » ou « Rentre à ta maison », on ne le sait trop. Intransigeante, l’Education nationale fustige le comportement de l’enfant et de son père, met en application un protocole destiné à rééduquer Chloé dont la garde sera retirée à Gilles. L’affaire s’ébruite et s’emballe. La justice est saisie. Jugé raciste alors qu’il est loin de l’être, Gilles est déstabilisé et détruit. Alors qu’il cherche avant tout à retrouver sa fille et une vie apaisée, il se retrouve pris malgré lui dans un cyclone qui oppose les thuriféraires de l’antiracisme à tout crin et les partisans de la famille traditionnelle.
Frédéric Bécourt nous montre qu’à l’heure du retour du puritanisme et de l’exacerbation de la racisation, la moindre parole, le moindre écrit peut déclencher une série d’événements immaîtrisables, mortifères pour ceux qui en sont les victimes. Il nous décrit un monde de plus en plus absurde où les individus et les groupes sociaux sont extraordinairement isolés, contraints par de nouvelles normes aberrantes marquées par le renforcement du contrôle social, où l’intime est considéré comme politique, où les individus qui n’adhèrent pas aux dogmes de la bien-pensance wokiste et de l’inclusivité sont condamnés à la mort sociale, où il faut in fine choisir son camp.
Dans cet univers de plus en plus fou galvanisé par la haine de soi et des autres, Gilles cherche sa bulle protectrice pour se sauver et sauver sa fille : « L’agitation extérieure défilait devant lui, ahurissante et insensée, un peu comme un film en négatif, monté à l’envers. Le monde n’était pas réel ».
Le livre de Frédéric Bécourt se lit comme un authentique thriller rédigé par une plume vigoureuse. Il se veut prémonitoire et ne nous invite pas à l’optimisme. Une chose est sûre néanmoins comme notre auteur l’écrit : « La liberté a un prix. Alors parfois, ce prix peut paraître exorbitant, certes. Mais la soumission, elle, a tout d’une dette infinie ».
Bonne lecture à vous qui êtes épris de liberté !
Littérairement,
Christophe Pannetier
Petite précision importante : cette Flânerie a été rédigée par un être humain et non une intelligence artificielle… qui ne l’aurait certainement pas écrite comme cela…
Frédéric Bécourt, « Un vent les pousse », Accro Editions, 2023, 204 pages

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